From: T’oung-Pao:
Archives pour servir à l'étude de l'histoire, des
langues, la geographie et l'ethnographie de l'Asie
orientale (Chine, Japon, Corée, Indo-China, Asie
Centrale et Malaisie). Leiden: E. J. Brill.
From the scanned
copy in the French National Library available
through their Gallica site The same article, with a portrait of Hong
by Régamey in addition to the 2 others, was published in
Le Monde Illustré of June
24, 1894. Un assassin politique. Félix Régamey Lorsque Hong Tjyong-ou pénétra pour la
première fois dans mon atelier, il n'était que depuis
quelques jours à Paris et ne savait pas un mot de
français. Un Japonais nous servit d'interprète; après
avoir échangé quelques banalités, la conversation tourna
et je crois que les deux jaunes se mirent à parler
politique. Je vis alors le Coréen, dont sans doute la
corde sensible avait été touchée, se dresser de toute sa
hauteur, les traits contractés, les yeux étincelants,
superbe, et pendant quelques secoudes, à côté du
Japonais délicat et mièvre, il me sembla que sa tête
touchait au plafond. Je fus pris à son aspect d'une
sorte de terreur secrète, où se mêlait un peu de
l'admiration que m'avait inspiré un tigre royal
rencontré jadis à Singapour: Le monstre venait d'être
capturé et, malgré les barreaux de la cage étroite où on
l'avait poussé, pantelant, frémissant, ramassé sur
lui-même et la gueule entrouverte, il répandait encore
l'effroi autour de lui. A dater de ce jour, Hong Tjyong-ou fut mon
commensal et pendant des mois le même toit nous abrita.
Le scepticisme de mes amis coloniaux a,
plus d'une fois, reproché à ma naïveté d'avoir pu croire
un instant qu'un tel homme, dont j'avais deviné le
caractère et les hautes aspirations, pourrait être un
jour utile à mon pays. La note suivante que, après renseignements
pris, j'avais rédigée dans le but d'intéresser à son
sort certains personnages haut placés dans le
gouvernement, me servira de justification. 5 Février 1891. Hong Tjyong-ou - né à Séoul (Corée) en 1854
- marié; une fille. Seul fils d'un lettré (noble de la
classe des Sa-jo) vient de passer deux ans au Japon où
il s'est mis en rapport avec les hommes politiques; l'un
d'eux, M. Itanalcé [Itagaki
Taisuke], ancien ministre, que son libéralisme
trop accentué tient éloigné du pouvoir, lui a donné une
lettre de recommandation pour M. Clémenceau. Hong
Tjyong-ou est arrivé à Paris le 24 Décembre 1890, muni
en outre d'une lettre d'un missionnaire pour M. Mutel,
évêque de Corée, qui venait de quitter la France
lorsqu'il s'est présenté rue du Bac. Les pères de Chine
n'ont pas compris un mot du discours du Coréen; seul M.
Mugabure, missionaire du Japon Septentrional, a pu
s'entendre avec lui. N'ayant pas de place chez eux; les Pères
l'ont envoyé rue de Turenne, à la maison de famille des
anciens élèves de St. Nicolas, oti il â été logé
provisoirement dans une mansarde. Son passeport pour l'Europe - obtenu à
grand peine, paraît-il - est ainsi conçu: «Le ministre des affaires étrangères du
gouvernement Coréen délivre le présent certificat
d'identité à Hong Tjyong-ou, natif du Séoul, qui va
faire ses études de droit en Grande France, et prie les
agents de ce pays de surveiller sa conduite, afin qu'il
ne se rende coupable d'aucune faute et puisse mener à
bien ses études. «De l'année du Sanglier, le .... Signé: KIN, Ministre des affaires étrangères». Hong Tjyong-ou a soif de s'instruire; très
ambitieux, il aspire à se pénétrer de la civilisation
européenne afin d'en faire profiter son pays. Curieux,
surtout, de politique française, il veut dans quelques
années retourner en Corée pour se mettre à la tête d'un
mouvement analogue à celui qui a amené l'état actuel du
Japon. Il compte pour l'aider dans cette
entreprise sur ses jeunes compatriotes, assez rares, qui
se sont depuis peu répandus en Russie et dans les
États-Unis, dont le programme est contenu dans ces deux
propositions: I. La Corée rendue complètement
indépendante de la Chine, du Japon et de la Russie, qui
l'enserrent. II. Abolition des barrières qui isolent la
Corée du monde entier. Hong Tjyong-ou a l'Angleterre en
horreur. Ce n'est sans doute pas seulement parce que
cette puissance retient depuis deux ans à Hongkong, de
connivence avec la Chine, l'ambassadeur que la Corée a
désigné pour la représenter en Europe - moins favorisé
en cela que l'Amérique qui a vu arriver à Washington le
premier diplomate Coréen en 1889, M. Boukoutério, ami de
Hong Tjyong-ou. Les Chinois qui s'étaient opposés
violemment et vainement à son départ, ne purent
l'arrêter en route, comme son collègue d'Europe - les
Japonais n'ayant pas voulu se mêler de l'affaire et le
Pacifique manquant d'escales britanniques. Ce fut sans
plus de succès qu'ils tentèrent d'empêcher que le Coréen
soit reçu officiellement par le président des
États-Unis. Cette réception fut l'occasion d'un gros
incident diplomatique. M. Boukoutério
, ayant rang de ministre, dut passer avant l'envoyé
Chinois qui n'était que chargé d'affaires. A Pékin on poussa des cris de paon, et si
l'on se contenta du rappel de l'envoyé Coréen, c'est
qu'on ne put obtenir sa tête malgré toute l'insistance
qu'on mit à la demander. Hong
Tjyong-ou est un homme instruit, énergique; il semble
animé des sentiments les plus généreux et est sans doute
appelé à jouer un rôle important dans les affaires de
son pays. Quelques personnes, dans un but patriotique
et désintéressé, ont pris à leur charge l'entretien du
premier Coréen venu en France. Ils pensent que leur
protégé saura reconnaître les bienfaits d'un pays qu'il
aime et qu'on veut lui faire aimer davantage. Le
meurtre dont Hong Tjyong-ou vient de se rendre coupable,
malgré sa noirceur, est-il fait pour donner tort à mon
optimisme? J'en doute. Ce n'est pas seulement en Europe
que certains crimes politiques sont absous. Avant d'en parler, je veux retracer
quelques uns des épisodes qui marquèrent la campagne
entreprise à Paris en faveur de cet oriental
extraordinaire, à laquelle prit une part très active le
directeur d'une de nos premières revues littéraires qui,
modestement, demande à ne pas être nommé. Le Figaro
lui consacre un de ses «Àu jour le jour», faisant appel
aux âmes charitables et nobles que tous les patriotismes
émeuvent; «Il appartient. au parti libéral, le Kaï-hua to (改化
道), et est opposé par conséquent au parti
rétrograde, Kou-sai
to (古制
道), qui combat l'introduction en Corée des
coutumes européennes»; mais il est sans moyens
d'existence, et l'article finit ainsi: «Qui veut un Coréen?» Le Monde
Illustré publie son portrait; il en est remercié
par une lettre (image of the
original) que voici: «Respectueux salut d'en bas Le son parfumé de votre nom respecté est
arrivé jusqu'à moi. Cependant je n'ai pu encore vous voir, ni
vous parler. Ma crainte est grande, grande, grande. Vous avez publié l'ombre de vérité de mon
humble personne; Vous avez touché mon cœur. Je voudrais voir votre visage; vous dire
merci, mieux que je ne puis le faire en écrivant. A HUBERT, personnage distingué L'homme de Tcho-sen [Corée] HONG-JONG-OU Respectueux salut d'en bas».
Son aventure est contée dans plusieurs
autres journaux, ce qui, d'ailleurs, ne fait pas avancer
ses affaires d'un pas. Pour passer le temps, je lui fais faire
connaissance avec le monde officiel: réceptions
ministérielles, bal à l'hôtel de ville etc .... partout
son costume singulier attire l'attention, mais rien de
plus; et rien ne le vexe davantage que lorsqu'on le
prend pour un Chinois. Je l'emmène voir M. Renan, au
collège de France, qui nous reçoit d'une façon plus que
charmante. «Il ne faut pas décourager les gens» mais il
ne peut rien, ne commît personne; cependant, si l'on
voyait M. Un tel: «J'ai là tous ses ouvrages», dit-il en
montrant la vaste bibliothèque à laquelle son fauteuil
est adossé, «c'est un orientaliste vraiment bien
distingué, il pourrait sans doute donner un bon avis,
être d'un grand secours .... » Quelques phrases encore
sur ce ton et, suivant une pente déclinante insensible,
M. Renan en arrive à convenir avec moi que M. Un tel, et
rien du tout, c'est la même chose, et l'entretien
s'achève sur ces mots: «Courage, courage!». Hong Tjyong-ou, qui sait qu'il s'est trouvé
en présence d'un grand homme, a retenu son dernier mot
et, à peine la porte fermée, il me demande, anxieux:
«Courage, courage, qu'est-ce que c'est?» Cette séance
est restée pour moi un des plus joyeux souvenirs de la
campagne. L'entrevue avec M. Cogordan, dans son
cabinet du quai d'Orsay, a un tout autre caractère. Hong Tjyong-ou, en abordant notre ministre,
reconnaît en lui l'homme qu'il a vu arriver à la cour de
son roi à Séoul, pour signer le premier traité conclu
entre la France et la Corée. Cette signature avait donné
lieu à une cérémonie à laquelle il assistait en qualité
de secrétaire et, sous mes yeux, je le vois se jeter aux
pieds de M. Cogordan et lui baiser les mains, avec une
émotion non feinte; Un instant il s'était cru sauvé. Peu de temps après j'apprenais, de l'homme
d'état, qui est aujourd'hui notre ministre des affaires
étrangères, que pour des raisons de hautes convenances
politiques, la France devait ignorer complètement la
Corée, les Coréens et tout ce qui les concernait. Inutile, par conséquent, d'importuner
davantage M. Cogordan. Hong Tjyong-ou n'a jamais compris pourquoi
il n'a pas été admis une seconde fois en sa présence. La «Réunion des Voyageurs» est composée de
gens fort distingués, dînant ensemble de temps en temps,
pour s'entretenir des choses qui les intéressent et
donner un souvenir aux explorateurs dont les travaux et
les découvertes honorent le pays. Hong Tjyong-ou ne pouvait manquer de leur
être présenté. Le 9 Mai 1891, au dessert, il paye son
écot d'un petit discours en Coréen, dont voici la
traduction: «Je suis très touché de l'honneur qui m'est
fait ce soir, grâce à mon ami Régamey, et plus heureux
que je ne saurais dire. Il y a parmi vous de grands
voyageurs qui ont dû beaucoup observer et qui, par
conséquent, doivent être de grands savants. «Vous n'ignorez pas que la fondation de
notre royaume remonte à plus de deux mille ans avant
l'ère chrétienne. Ce fut le chaos d'abord, mais bientôt
un prince venu de la Chine, nommé Ki-ja (箕子
Vicomte de Ki se réfugia en 1122 av.
J. Chr. en Corée que Wou-wang, roi de Tcheou, lui avait
donnée en apanage. Voir T'oung-pao , Vol. IV, p.
408.), établit un ordre de choses qui dura mille ans.
Ensuite le royaume fut divisé eu trois provinces
nommées Corée, Pâ-tchi et Sin-la. La troisième
dynastie Wan-gou
refit l'unité trois siècles plus tard et, il y a 499
ans, fut fondée la quatrième dynastie, celle des Li-di, qui
règne encore sur Tchio-Sin 朝鮮, véritable nom du territoire connu sous le
nom de Corée, lequel n'est que le nom d'une des trois
provinces qui le composent. «Profitant de l'honneur qui m'est fait de
parler devant vous, je voudrais dire ici ma pensée et
serais heureux de la voir comprise. A l'heure actuelle,
je crois qu'il y a quelques petites choses à reprendre
dans le gouvemement de mon pays; j'espère qu'auprès de
vous je trouverai quelques bons conseils dont il
pourrait tirer parti. C'est pour cela que j'ai quitté
mon pays il y a trois ans pour voyager et m'instruire
dans les pays civilisés; il y a trois ans aussi que nous
entretenons des relations officielles avec la France. «Cependant tous mes compatriotes ignorent
ce qui se passe dans le monde, et il en est peu qui
soient avertis des dangers qui nous menacent. «La situation de mon pays est très
périlleuse - entourée de puissants voisins - et je crois
qu'il n'y a de salut pour nous que dans l'adoption de la
civilisation européenne. Le séjour prolongé que j'ai
fait au Japon, dont j'ai étudié attentivement l'état
politique, est venu confirmer cette croyance. «Je regrette de ne pouvoir m'expliquer en
Français; je suis arrivé eu France en décembre dernier;
vous m'excuserez de ne pas pouvoir posséder votre
langue; je travaille beaucoup, pas encore autant que je
voudrais, cependant. J'espère, Messieurs, que vous ne me
refuserez pas votre concours et je vous remercie de
votre excellent accueil». Une collecte, à laquelle prend part très
généreusement le prince d'Orléans qui se trouve parmi
les convives, termine la soirée et laisse dans l'esprit
de l'orateur exotique un aimable souvenir. Il y a dans l'esprit de Hong Tjyong-ou un
mélange bizarre d'indépendance - qu'attestent ses
paroles - et de servilité enfantine. C'est ainsi qu'en
prenant maintes précautions, il me communique deux
photographies, l'une du roi son maître, l'autre du
grand-père du roi. L'usage, qu'il se garde bien
d'enfreindre, défend absolument de prononcer les noms de
ces hauts personnages, de sorte qu'il m'est impossible
d'en mettre un sous ces images. Il me recommande bien de
n'en faire part à personne; je ne les lui rends pas,
cependant, sans en avoir fait des croquis assez exacts.
Ce sont ces croquis qui sont reproduits ici. Hong Tjyong-ou est maintenant assez bien en
cour pour n'avoir rien à redouter de l'indiscrétion que
je commets en les publiant. Hong Tjyong-ou est ensuite attaché au musée
Guimet; on l'emploie à la traduction de textes coréens,
chinois et japonais - cela l'aide à vivre pendant
quelque temps - puis il fournit les éléments d'un roman
Coréen «Printemps parfumé», traduction de M. J. H.
Rosny, qui «apprécie, au cours de ce travail,
l'intelligente bonté de son collaborateur». Vers cette époque nous nous perdons un peu
de vue; nous ne nous retrouvons guère que peu de temps
avant son départ, lorsqu'il s'agit de faire les fonds
pour aider à son rapatriement. En cette circonstance,
l'active et inépuisable bonté du directeur de la Revue
qu'il ne m'est pas permis de nommer, trouve une nouvelle
occasion de se manifester. 22 Juillet 1893. Bons souhaits de départ du garçon d'hôtel
de Hong Tjyong-ou: «J'ai eu assez de mal avec ce coco
là! Il y a cinq mois que le sers; il ne m'a jamais donné
un sou. Des clients comme ceux-Ià , malheur !» Hong Tjyong-ou s'arrêtera au Japon avant de
rentrer chez lui. En bas, sur le seuil de l'hôtel
Serpente, il donne ses instructions pour faire suivre sa
correspondance: «A la légation de France de Tokio ! »,
et la patronne lui dit: «Sans rancune!» Rancune de quoi? Sur le trottoir, il sort de son
porte-monnaie une pièce de cinq francs qu'il donne au
garçon, silencieux. Les colis sont installés dans la voiture;
il ne paraît pas autrent surpris que je n'y monte pas
avec lui. Maintenant il peut bien se conduire tout seul.
Nous allons nous séparer. Poignée de mains. Je lui dis:
«à bientôt»; il me répond: «à bientôt». C'est tout. O
les jaunes, l'esprit toujours tendu en une perpétuelle
suspicion ! Je lui ai demandé: «Qu'avez-vous trouvé de
mieux en France?» - En arrivant à Marseille, les chevaux. Ils
m'ont paru bien grands. - Et de moins bien? - L'égoïsme. Cela sans qu'il songe à faire la moindre
restriction en faveur de ceux qui l'ont fait vivre
pendant plus de deux années. Il emporte un porte-mine à plume d'or, mon
dernier cadeau. La voiture a tourné le coin de la rue.
Hong Tjyong-ou, la cigarette aux lêvres, droit dans sa
longue robe grise , ne s'est même pas retourné. Je ne doute pas qu'il fasse parler de lui
un jour, mais quant à recevoir directement de ses
nouvelles, je n'y compte guère. Ensuite viennent les copies faites par
Regamey des photos du Dae-won-gun et du Roi.
Six mois après, à l'occasion du jour de
l'an, je reçois une carte de visite avec ces mots: Hôtel de Ni-si-moura-kobé. Mon très cher ami, : «Je vous adresser quelques mots. J'ai, en
arrivant au Japon, j'ai été attrapé une maladie depuis
longtemps que je suis au lit; c'est pourquoi je vous ne
écris jusqu'à présent et je ne suis pas encore retour de
mon pays. J'ai eu reçu les lettres de mon père ,et mes
amis, qu'il m'a dit quelque histoire qui m'étonne
beaucoup. «Cher ami, voici hélas! ma pauvre femme,
elle a été morte du mois de mai, je suis très ennuyé
pour cela, je reste encore quelques mois ici. J'ai finir
cette lettre, mon cher ami, souhaite bonne année..! Votre ami dévoué». J'ai eu tort de douter et je donnerais
beaucoup pour écrire le Coréen aussi mal que mon ami
écrit le français. Il signe maintenant «Hong Djyong-ou».
A son arrivée en France, son nom était ainsi
ortographié: Hong Jeong-ou. Je continue à l'écrire Hong
Jong-ou.- Au mois d'avril de cette année, Hong
Tjyong-ou n'est plus au Japon; il n'est pas encore en
Corée; il est en Chine, à Shangaï, où il a décidé un de
ses compatriotes, Kim-ok-kuin, ennemi du roi,
à,l'accompagner, avec le sinistre projet de le
supprimer; et c'est à coups de revolver qu'il a accompli
son crime sans courir aucun risque. : Au Japon il n'en n'eût pas été quitte à bon
marché; en Chine il était sûr de l'impunité. Les
Japonais ne voyaient pas d'un mauvais oeil le
conspirateur qui s'était réfugié chez eux et ils lui
servaient une pension — tandis que les Chinois étaient
aux ordres du roi de Corée. Dernières nouvelles. On lit dans le «China Telegraph» du 21 Mai
(Edition de Londres): «M. Shû, consul Coréen à
Tien-tsin, est arrivé le 16 avril à Shangaï, et, le jour
même, s'est rendu, avec son interprète, en chaise à
porteurs officielle de couleur verte, auprès du juge
Houang. L'objet de sa visite était que les restes de
Kim-ok-kuin lui soient livrés en même temps que la
personne de son meurtrier Hong Tjyong-ou, pour être
transportés à Séoul. «Après de longs pourparlers, le juge et le
Tao-Taï s'étant mis d'accord, l'autorisation demandée
était accordée et ordre donné à un bâtiment chinois, le
Wei-ching, de mettre à la voile pour Tehemoulpo le
lendemain matin; en même temps le corps de l'assassiné
était transporté à bord et l'assassin y était amené en
chaise à porteurs, suivi d'une escorte armée». Du même journal. «Une dépêche officielle reçue à Shangaï
nous apprend que le corps de Kim-ok-kuin, a été, à son
arrivée à Séoul, coupé en huit morceaux, qui, avant
d'être expédiés séparément dans les capitales des huit
provinces du royaume, ont été exposés publiquement, le
thorax gisant dans la poussière au pied du gibet et les
membres cloués au dessus. «Chaque morceau a été envoyé ensuite sous
escorte à sa destination, en manière d'avertissement aux
futurs rebelles à l'autorité du roi ». Une autre dépêche dit que le jour de
l'exécution posthume, le roi a donné un grand banquet
aux ministres étrangers, comme pour célébrer d'une façon
détournée l'événement du jour. On ne sait pas encore en quoi consistera la
récompense qui sera accordée au meurtrier de
Kim-ok-kuin. Il va bien, mon ami Hong Tjyong-ou! FÉLIX RÉGAMEY. |