Le Bois Sec Refleuri Traduit par Hong-Tjyong-Ou VII
San-Houni
again appears to San-Syeng
in a dream and tells him to take a boat to the island
quickly. There he finds Ki-si
and his wife. He decides to wait to confirm who they
really are. Meanwhile the
general in charge of the prisoner on the island tells
Ja-Jo-Mi that he has died
in the fire. He and his companions are happy, the
population at large is very
angry with them. San-Syeng takes the lead in preparing
direct opposition and finally
is told by Tcheng-Y that Ki-si is the young king, who is
needed to justify the
revolt. The king is now treated with all the respect due
to his rank, the local
authorities recognize him and he starts to exercise
authority, appointing San-Syeng
general. As they reach the capital there is a general
uprising, Ja-Jo-Mi is
arrested. The king is installed. He reduces the taxes
and sends San-Syeng as a
secret inspector to check the quality of the local
governors. Il y avait déjà plusieurs mois que
San-Syeng attendait vainement l'occasion
de pénétrer dans l'ile de Tchyo-To, lieu d'exil du jeune
roi. Il commençait à se
décourager, quand il eut un nouveau rêve. Ce fut
San-Houni qui apparut au jeune
homme pour lui dire: — Prends un bateau ; rends-toi à
l'extrémité méridionale de
l'île. Tu y trouveras le jeune roi avec son épouse.
Mais, hâte-toi, sans cela
tu ne trouveras plus le prince vivant. Sur la foi de ce nouveau songe, San-Syeng
se mit immédiatement en devoir de
se rendre à l'endroit qui lui avait été désigné. Avant
même d'aborder, il
aperçut sur le rivage un homme et une femme, tous deux
très jeunes, se parlant
avec beaucoup de vivacité. Il crut distinguer à quelques
mots qu'une brise,
légère comme un baiser, lui apporta qu'un grave
désaccord avait éclaté entre
les deux jeunes gens. S'approchant d'eux, il leur
demanda poliment: — Pourquoi vous querellez-vous ainsi,
alors que le printemps vous sourit si
agréablement. ? Ki-si répondit : — Nous voulions traverser la mer ; mais
n'ayant pas de bateau et dénués de
toute ressource nous cherchons à mourir. Mais je ne veux
pas que ma tendre
compagne me suive dans mon trépas, tandis qu'elle, au
contraire, veut à tout
prix mourir en même temps que moi. C'est pour cela que
nous nous disputons. — Laissez-là vos lugubres idées, repartit
San-Syeng. Ne songez plus à
mourir. Je mets mon bateau à votre disposition et vous
conduirai où vous
voudrez. — Merci, vous nous sauvez la vie, s'écria
Ki-si. Aussitôt le jeune roi et son épouse
montèrent dans l'embarcation. San-Syeng
leur fit rapidement traverser le bras de mer qui sépare
l'île de Tchyo-To de la
ville de Tchang-Yang. Quand on fut arrivé, Ki-si demanda à
San-Syeng, de vouloir bien lui
indiquer un endroit où il pourrait passer la nuit avec
sa femme. San-Syeng proposa aux deux époux de
descendre dans le même hôtel que lui ;
ce qu'ils acceptèrent. Jusqu'ici le rêve de San-Syeng s'était
parfaitement réalisé. Il ne lui
restait qu'à s'assurer si les deux jeunes gens qu'il
avait ramenés étaient bien
ceux que San-Houni lui avait désignés. Mais ce n'était
pas facile. Il ne
fallait pas songer à demander aux jeunes époux des
renseignements sur leur
propre compte. Ils avaient trop intérêt à cacher la
vérité. San-Syeng résolut
d'attendre que le hasard vint éclaircir ses doutes. Pendant que les jeunes gens s'enfuyaient,
la maison que le jeune prince
avait habitée depuis son départ de la capitale était la
proie des flammes. Le
gardien, préposé au service de Ki-si, courut
immédiatement avertir de ce qui se
passait le général que Ja-Jo-Mi avait chargé de garder
l'île de Tchyo-To. Le
général, très inquiet, ordonna de redoubler de
surveillance autour du mur qui
entourait le jardin. On devait arrêter toute personne
qui essaierait de sortir.
D'autres soldats reçurent mission d'aller
combattre l'incendie. Il était
trop tard. La maison ne formait plus qu'un immense
brasier. — Qu'on cherche partout le fils du roi,
ordonna le général. S'il n'est pas
mort, il doit être caché dans le jardin. Qu'on fouille
dans tous les coins et
recoins. Ce fut sans succès. Le général en conclut
que le prisonnier avait péri dans
les flammes. Il le fit immédiatement savoir à Ja-Jo-Mi.
A cette nouvelle le premier ministre
éprouva une vive joie. La mort du roi
légitime écartait le dernier obstacle à l'exécution de
son plan. Aussitôt il
manda prés de lui le général qu'il avait envoyé à
Tchyo-To. Le général
accourut. — Quel bonheur! lui dit Ja-Jo-Mi. Un
événement aussi heureux pour nous
mérite d'être fêté. Faites préparer un grand banquet,
auquel tous nos amis
seront conviés. Tous les partisans de Ja-Jo-Mi étaient
transportés d'aise. Ils
entrevoyaient avec délices une ère de fêtes et de
débauches. Ils chantaient
bien haut la gloire de Ja-Jo-Mi, le futur roi de Corée.
Le peuple au contraire
murmurait; mais la crainte du tyran l'empêchait
d'exhaler trop haut ses
plaintes. Ki-si, que Ja-Jo-Mi croyait mort, était
toujours dans la ville de Tchang-Yang.
Un jour qu'il causait avec San-Syeng, le propriétaire de
l'hôtel vint en
courant leur dire : — Il règne une animation extraordinaire
dans la rue. De nombreuses troupes,
se rendant, à la capitale, viennent d'arriver. — Qu'y-a-t-il de surprenant à cela ?
demanda San-Syeng. — C'est que ces troupes avaient été
chargées de garder notre jeune roi
exilé dans l'île de Tchyo-To. Il paraît que l'infortuné
prince a péri dans les
flammes. C'est pour cela que le général chargé de la
surveillance du prisonnier
ramène ses troupes. Le peuple déteste Ja-Jo-Mi, qui a
pour lui l'armée, et qui
fait peser un joug de fer sur la Corée. De là, cette
émotion qui s'est emparée
de tout le monde à la vue de ces troupes. — Détestez-vous aussi Ja-Jo-Mi, demanda
San-Syeng à l'hôtelier. — Comme tout le monde, Monsieur. — Oui, mais il ne me parait pas facile de
renverser Ja-Jo-Mi. Celui-ci a le
secours de l'armée qui n'aime pas le peuple. — Vous vous trompez, Monsieur. Les seules
troupes vraiment dévouées au premier
ministre sont celles de la capitale. Les autres lui sont
hostiles. Ainsi, la
garnison de notre ville, ainsi que le mandarin, sont
opposés à Ja-Jo-Mi. Si
notre mandarin adressait un appel aux troupes qui sont
ici et que son exemple
fut imité par les autres mandarins, on pourrait
facilement entrer en lutte avec
Ja-Jo-Mi et ses partisans. — Mais Ja-Jo-Mi une fois renversé, qui
mettra-ton sur le trône ? — Oui voilà le point difficile. Le fils du
roi est malheureusement mort.
Peut-être cependant trouvera-t-on un membre de la
famille royale pour prendre
le pouvoir. — Et si, par hasard, il n'était pas vrai
que le fils du roi soit mort? — Rien ne serait plus simple que de lui
donner la succession de son père. — Vous raisonnez parfaitement, reprit
San-Syeng. Vous jouissez d'un grand
crédit auprès du peuple et êtes l'ami du mandarin.
Voulez-vous que nous
tentions l'entreprise ? — Très volontiers, répondit l'hôtelier.
Nous allons tout combiner. Mais, il
faut que je vous quitte un instant. Resté seul avec Ki-si, San-Syeng lui
demanda : — Voulez-vous vous réunir à nous pour
combattre Ja-Jo-Mï ? A celle demande le prince, qui depuis
quelques instants semblait en proie à
un malaise étrange, s'abattit sur le sol, évanoui. San-Syeng s'empressa de prodiguer ses
soins au jeune prince. Celui-ci
semblait inanimé et incapable de proférer le moindre
son. Alors San-Syeng
appela Tcheng-Y, qui accourut effrayée auprès de son
mari. Le fils de San-Houni
lui expliqua ce qui s'était passé. La jeune femme, se
jetant sur le corps de
son mari, l'arrosait de ses larmes. San-Syeng,
profondément ému par ce
spectacle, dit à Tcheng-Y : — Au nom du ciel, Madame, dites-moi qui
vous êtes ! — J'ai confiance en vous Monsieur. Vous
nous avez une première fois sauvé
la vie. Je vais vous dire la vérité. Mon mari n'est
autre que le fils du roi,
la victime de Ja-Jo-Mi. Je l'ai connu par hasard. Tombée
à la mer, j'ai été
sauvée par une tortue qui m'a transportée dans l'île
qu'habitait le prince. Je
suis devenue sa femme, et nous avons quitté ensemble
notre prison. C'est vous
qui nous avez sauvés et transportés ici. Voilà notre
histoire. Vous comprenez
tout, n'est-ce pas, maintenant? Cependant le jeune roi avait recouvré ses
sens. Alors, San-Syeng, se
retirant à reculons jusqu'auprès de la porte, dit : — Sire, excusez mon impatience. Ki-si
voulut le retenir. — Non Sire. Il faut avant tout que vous me
pardonniez la familiarité avec
laquelle je vous ai traite jusqu'ici. Mon excuse est que
j'ignorais à quels
augustes personnages je parlais. Maintenant que je sais
tout, il n'est plus
admissible que je reste dans cette chambre en môme temps
que vous. A ce moment même, le propriétaire de
l'hôtel, vint à passer devant la porte
de la chambre où se trouvaient Ki-si et sa femme.
San-Syeng le mit au courant
de tout. L'hôtelier, se prosternant la face à terre, dit
: — C'est un honneur sans égal pour moi de
loger vos Majestés. Immédiatement il courut prévenir le
mandarin. Celui-ci était au comble de
l'étonnement ; mais avait de la peine à dissimuler sa
joie. Immédiatement,
escorté de nombreuses troupes, il se rendit à l'hôtel où
le roi était descendu.
Les soldats entourèrent la maison, tandis que le
mandarin, en grand costume,
allait présenter ses hommages au souverain. Le prince lui fît le meilleur accueil. Il
avait à ses côtés San-Syeng qui,
après avoir adressé un compliment au roi, dit au
mandarin : — Il faut mener votre souverain au
To-ouone (palais du mandarin,
hôtel-de-ville) afin qu'il soit logé dans une maison
digne de son rang. Le mandarin approuva cette proposition.
Aussitôt tout le monde se mit en
route pour le To-ouone. A peine installé, le roi manda près de lui
San-Syeng. — Je veux, lui dit-il, réorganiser le
gouvernement. — Sire, toutes mes forces sont à votre
disposition, répondit respectueusement
San-Syeng. — Eh bien, je vous nomme général, reprit
le prince. San-Syeng était confus. Il dut se
soumettre aux ordres du prince. Celui-ci
distribua toutes les fonctions à ceux qu'il se savait le
plus dévoués. Il ordonna de préparer un grand banquet et
d'envoyer de tous côtés des
courriers pour annoncer son avènement aux populations. Cette grande nouvelle causa une joie
extraordinaire parmi le peuple. Ce
n'étaient partout que chants d'allégresse. « O notre cher roi ! La nuit s'est
dissipée pour faire place au jour. L'ère
du malheur est finie, voici venir l'ère du bonheur. —
Les nuages
obscurcissaient le soleil et les plantes privées de
lumière dépérissaient ;
mais, le vent a dissipé les nuages. La clarté nous est
revenue. Tout revit sous
les rayons bienfaisants du soleil. — Holà ! mon fils;
holà! mon frère, avancez
donc! Ne vous laissez arrêter ni par le feu, ni par
l'eau, ni par les
montagnes. Ecartez tous les obstacles. Si les méchants
essaient de vous
arrêter, tuez-les. Mais regardez toujours le soleil. Sa
chaleur vous donnera
force et courage. — Nous t'avons reconnu, roi bien-aimé.
Puissions-nous le
garder toujours ! Pour le moment, faisons trêve à
l'amour et courons à la
guerre. » Pendant que le peuple manifestait ainsi sa
joie, le roi s'inquiétait des
mesures à prendre pour renverser l'usurpateur. Il
interrogea San-Syeng, sur la
distance à laquelle on se trouvait de la capitale. Cette
distance était assez
considérable ; aussi, sur le conseil de son général, le
roi décida-t-il qu'on
se mettrait en marche le plus tôt possible. San-Syeng s'occupait activement de
l'armée. Pour aguerrir ses soldats, il
leur fit attacher aux pieds de petits sacs de sable très
lourds. Durant toute
une journée ils durent marcher avec cet équipement. Le lendemain l'armée se mit en marche. Les
soldats, n'ayant que leurs armes
à porter, avançaient rapidement. Au bout de deux jours
on était devant la
capitale. San-Syeng disposa ses troupes tout autour de
la ville, avec ordre de
ne laisser entrer ni sortir qui que ce fut. Puis il écrivit un manifeste qu'il fit
reproduire sur des lamelles de
bambou, qui furent répandues dans la capitale. Ce
manifeste annonçait l'arrivée
du roi légitime à la tête d'une armée. Sa Majesté venait
combattre Ja-Jo-Mi, le
minisire infidèle. Ce dernier était dans la sécurité la plus
absolue. Les fêtes succédaient
aux fêtes, les festins aux festins. Tout à coup on vint
annoncer à Ja-Jo-Mi que
le fils du roi était aux portes de la ville avec une
armée, et que la
population de la capitale était fortement surexcitée. Ja-Jo-Mi, au comble de l'étonnement manda
immédiatement son général. Il
éclata en violents reproches : « Comment, vous m'avez
annoncé que le fils du
roi était mort et maintenant on me dit que la ville est
assiégée? Qui est-ce
qui est à la tête des troupes qui viennent nous
attaquer? » — Il est impossible que ce soit le fils du
roi, répondit le général. Je
suis certain qu'il est mort dans les flammes. C'est sans
doute un aventurier
quelconque qui a amené cette bande de pillards
jusqu'ici. Ils n'eurent pas le temps d'en dire
davantage. Le peuple, qui avait lu les
lamelles de bambou, se soulevait. Déjà il s'avançait
vers le palais du premier
minisire. Tout est envahi. Ja-Jo-Mi et son général sont
saisis ; le palais est
incendié. Au même moment, le roi entrait dans la ville
et le peuple remettait
entre ses mains le ministre usurpateur et son général. Ki-si, fait venir le général San-Syeng. — Que personne ne soit mis à mort. Il
suffît pour le moment de jeter les
coupables en prison. Peu de temps après il ordonne qu'on
ne garde prisonniers
que Ja-Jo-Mi, le général et leurs principaux complices.
Le nouveau roi était à peine rentré dans
le palais de ses pères qu'il
ordonnait de diminuer les impôts qui pesaient sur le
peuple. Sa femme approuvait
hautement ces mesures. Elle désirait même qu'on allât
plus loin : — Qui sait, dit-elle, si les mandarins des
provinces exécuteront les ordres
et ne continueront pas à pressurer le peuple à leur
profit? Il faudrait
s'assurer que tout se passe selon les voeux et envoyer
des fonctionnaires
chargés d'examiner si tes ordonnances sont respectées. Le roi, se rendant à la justesse de cette
idée, chargea San-Syeng d'envoyer
dans toutes les directions des hommes sûrs et dévoués.
Le nouveau général
quitta lui-même la capitale. Il avait repris les
vêtements qu'il portait au
moment où le roi lui avait confié le commandement des
Troupes. |