Le Bois Sec Refleuri Traduit par Hong-Tjyong-Ou VI
Tcheng-Y
jumps into the sea and
finds herself on the back of a giant turtle. They reach
an island where it
deposits her in a dark tunnel. There she finds a letter
and 2 bottles of tonic,
for her body and mind, to give her strength to climb out
through the roof,
where she finds herself inside a hollow tree in a
beautiful garden. It is the
place of exile of the boy-king. In despair, he is on his
way to hang himself
when he sees a beautiful girl in the garden. He decides
to wait, they meet, he
invites her to his house, where he lives in isolation.
They soon celebrate a
wedding ceremony and are united. Fearing that he will
soon be killed, they set
fire to the house and follow the tunnel back to the sea,
where Ki-si the young king
is again in despair, there being no boat in sight. Revenons sur nos pas. Le lecteur se
souvient comment l'admirable Tcheng-Y,
fille de l'infortuné Sùn-Hyen, avait consenti, pour
procurer quelques
ressources à son père, à être la victime que des
marchands coréens devaient
offrir à la mer Jaune. Quand le bateau qui emportait la jeune
tille eut gagné le large, les
marchands, après s'être préparés à la prière, firent
venir Tcheng-Y. — Le moment du sacrifice est venu, lui
dirent-ils. Auparavant, retirez-vous
un instant. Purifiez votre corps, revêtez-vons de vos
plus beaux habits. Nous
vous attendrons ici. Tcheng-Y se conforma ponctuellement à cet
ordre. Bientôt elle reparut sur
le pont. Fraîche comme une rose, on eut dit qu'elle s'en
allait à l'hymen, et
non pas à la mort. Les marchands avaient dressé une grande
tahle au milieu du pont. C'était la
table du sacrifice, tendue de blanc. Au milieu un
brûle-parfums laissait
s'échapper les volutes bleues de la myrrhe; à chaque
extrémité de la table
brûlait un cierge, dont la brise faisait vaciller la
flamme. La jeune fille fut placée entre les deux
cierges, en face du brûle-parfums.
Les marchands s'agenouillèrent et se mirent à prier.
Tcheng-Y aussi élevait son
àme au ciel. Non pas qu'elle regrettât pour elle-même de
quitter la vie. Sa
dernière pensée était pour son père qu'elle laissait
seul sur terre. Les prières terminées; la jeune fille,
sans manifester la moindre émotion,
se jeta résolument à la mer. Tandis que le bateau
s'éloignait, Tcheng-Y, qui
s'attendait à mourir en quelques secondes, s'aperçut
avec stupéfaction qu'elle
restait à la surface de l'eau. Dans sa chute, elle avait
rencontré un obstacle,
et cet obstacle n'était autre chose qu'une gigantesque
tortue de mer. L'animal
continua à nager, sans paraître incommodé par ce fardeau
imprévu. La jeune
fille saisit cette chance inespérée de salut. Elle se
laissait emporter par la
tortue et éprouvait un tel sentiment de béatitude que
bientôt elle s'endormit.
Elle fit un rêve. Sa mère lui apparut, transportée là
par un nuage. Elle lui
dit : — Ma chère fille, sois sans crainte. Ecoute ce que
je vais te dire, et
surtout, suis bien mes conseils. Ne quitte pas la tortue
qui t'a sauvé la vie
avant qu'elle t'ait déposée sur un rivage. Sur ces mots
l'apparition
s'évanouit. A son réveil, Tcheng-Y, en promenant ses
regards de tous côtés, aperçut une
île. Voilà sans doute ma demeure, se dit-elle. Mon rêve
commence déjà à se
réaliser. Suivons bien les indications que m'a données
ma chère mère. Cependant, la tortue, arrivée près du
rivage, s'engagea dans un long
souterrain et ne cessa de nager qu'au bout de quelques
heures. La naïve
Tcheng-Y, sautant alors à terre, ne put s'empêcher de
dire: —Merci, tortue, mon
sauveur. Tandis que l'animal regagnait la mer, la jeune
fille essaya de se
rendre compte de la situation dans laquelle elle se
trouvait. Au milieu de
cette obscurité profonde, elle fut, malgré elle, saisie
d'une grande peur.
Hélas ! disait-elle, malheureuse que je suis. J'ai
échappé à la mort, mais pour
un instant seulement Comment sortir de ce souterrain.
Tout à coup, elle fut
comme éblouie par un rayon de soleil qui fusait à
travers la voûte. Elle se
dirigea de ce côté et aperçut, éclairée par ce rayon
lumineux, deux jolies
bouteilles. En évidence, une lettre à l'adresse même de
Tcheng-Y. La jeune
fille avait en peu de temps eu tellement d'aventures que
cette étrange
coïncidence ne l'étonna pas outre mesure. Elle marchait
d'émerveillement en
émerveillement. Rompant le cachet de la lettre, elle lut
ce qui suit : Buvez le
contenu de ces deux flacons. Grâce à l'un vous ne
sentirez plus la fatigue
causée par un si long voyage. L'autre éclaircira vos
idées que vos aventures,
en apparence étranges, ont sans doute troublées. Tcheng-Y but les breuvages qu'elle avait
devant elle. Aussitôt elle sentit
la vigueur renaître dans son corps. Une lucidité
parfaite se fit dans son esprit.
Elle grimpa le long des parois de la voûte par où
pénétrait le soleil. Quand
elle se vit arrêtée, elle écarta de ses mains la terre
qui lui faisait
obstacle. Bientôt elle eut pratiqué une ouverture. La
jeune fille, se hissant à
travers cet orifice, se trouva dans le tronc creux d'un
arbre gigantesque dont
les racines plongeaient jusqu'au fond du souterrain. Tcheng-Y se laissait inonder avec délices
par la lumière éclatante du jour.
Elle se voyait transportée dans un jardin enchanteur. Ce
n'étaient qu'arbres à
la luxuriante verdure, que fleurs épanouies caressées
par l'haleine tiéde des
papillons et des oiseaux mouches. L'air était embaumé
d'enivrantes senteurs. Un
grand mur servait de clôture à ce splendide jardin. Au
centre, s'élevait une
jolie maison, s'harmonisant délicieusement avec le
reste. Après quelques minutes de repos, la jeune
fille, sauta d'un pied leste par
dessus les ronces qui embarrassaient le tronc de l'arbre
dans lequel elle se
trouvait. Puis, elle se mit à marcher au hasard. Or, cette jolie maison, ce jardin
féerique, servaient de résidence et de
lieu de promenade au jeune roi que le premier ministre,
Ja-Jo-Mi, avait de sa
propre autorité exilé, comme nous l'avons vu plus haut.
Il y avait déjà
plusieurs mois que cette captivité durait. Le jeune
prince, en proie à la plus
profonde douleur, ne pouvait détacher sa pensée du
souvenir de ses parents.
Sans cesse, il songeait à son père, à sa mère, qui tous
deux l'avaient entouré
d'une si tendre affection. Quelquefois il envisageait
l'avenir. Il ne voyait
d'autre issue à la situation dans laquelle il se
trouvait, que la mort. Pourquoi tiendrait-il à la vie ? Cette
solitude éternelle n'était elle pas
le plus cruel des supplices ? Oui, il valait mieux
mourir de suite, pensait le
jeune prince, si triste qu'à son approche les oiseaux
cessaient de chanter. Ce jour là, il était fermement résolu de
mettre à exécution son lugubre
dessein. Tous les préparatifs étaient faits. Une corde
solidement fixée à une
branche d'arbre d'un côté, passée autour du cou du jeune
prince à l'autre
extrémité, tel devait être l'instrument de délivrance.
La malheureuse victime
de Ja-Jo-Mi fait ses dernières prières. Dans quelques
minutes son corps se
balancera dans l'espace... Mais le jeune prince
hésite... Il vient d'apercevoir, à quelques pas de
lui, une jeune fille qui,
semblable à une blanche apparition, se promène dans les
allées ombreuses du
jardin. — Quelle est cette jeune fille? se demande
le prince. Ne suis-je donc pas
seul ici ? Je veux éclaircir ce mystère. Il renonce à l'idée de mourir; sa
tristesse se dissipe. La vue seule de la
jeune fille opère cet effet. Il détache la corde qui lui
serrait le cou, et se
met en mesure de rejoindre la charmante apparition.
Peine perdue ! La jeune
fille, tournant autour d'un arbre, disparait tout à coup
comme par
enchantement. Le jeune prince était vivement intrigué.
Il se demanda s'il n'avait pas
rêvé. Mais non, ses yeux avaient bien vu. Comme la nuit
commençait à tomber, le
prisonnier rentra dans sa maison. Il chercha le sommeil,
mais toute la nuit il
fut hanté du souvenir de la jeune fille qu'il avait
aperçue dans le jardin. Aussi, le jour à peine venu, le jeune
prince s'habilla en toute hâte et se
rendit dans le jardin. Un papillon voletait autour de lui. Il
voulut le prendre, mais n'y réussit
pas. S'obstinant, le jeune prince se mit à courir après
le papillon, le suivant
dans ses mille et mille détours. Tout à coup l'insecte
disparut. Il s'était
engagé dans le tronc creux d'un arbre. Le jeune homme
avait fort bien suivi ce
manège, et certain maintenant de tenir sa proie, il
s'avançait la main ouverte.
Il s'attendait à voir un papillon, ce fut une jeune
fille qu'il aperçut. Telle
fut la surprise de l'adolescent qu'il se jeta d'abord en
arrière. Mais,
réprimant bien vite ce mouvement instinctif, il s'avança
vers la jeune fille et
lui dit. — Excusez-moi, Mademoiselle, de vous avoir
dérangée dans votre retraite.
Cela m'est arrivé tout à fait par hasard. Je poursuivais
un papillon qui s'est
réfugié dans le tronc creux de cet arbre, et c'est en
voulant m'emparer de cet
insecte que je vous ai aperçue. Tcheng-Y avait besoin d'entendre ces
paroles pour être rassurée. A la vue
du jeune homme elle avait été saisie d'une peur
extraordinaire, et son émotion
l'empêchait de parler. Le jeune roi reprit : — Je suis désespéré de vous avoir
effrayée. Remettez-vous, Mademoiselle.
Oserai-je vous demander où vous habitez? — Je n'ai ni parents, ni patrie, Monsieur.
En me promenant au bord de la
mer, je suis tombée à l'eau. Une tortue me reçut sur son
dos et me transporta
dans cette ile, où je me trouve depuis plusieurs jours.
— Je suis comme vous orphelin, reprit le
jeune roi. Fils du défunt roi de
la Corée, je me suis vu, à la mort de mon père, exilé
par le premier ministre
Ja-Jo-Mi. Nous somme tous deux bien malheureux,
Mademoiselle. Mais, vous
déplairait-il de venir un instant vous reposer dans ma
maison ? — Merci, de tout coeur. Mais puisque vous
êtes prisonnier, vous ne devez
pas avoir la liberté de vos actions. — Détrompez-vous, Mademoiselle. Il est
bien vrai que je suis prisonnier,
mais personne ne trouble ma solitude. On a pensé que
derrière ces hautes
murailles, autour desquelles on a disposé de nombreuses
troupes, il était
inutile de m'infliger d'autres gardiens. Vous pouvez me
suivre sans crainte.
Venez, cela vous distraira un peu. Tcheng-Y suivit le jeune homme. La main
dans la main, ils se dirigèrent
vers la maison qui servait de résidence à l'exilé. En
route, ils échangèrent
quelques paroles. — Voici votre chambre, dit le jeune roi;
je vous laisse. Tcheng-Y, demeurée seule, réfléchit à ce
qui venait de lui arriver. Ce
jeune homme est charmant, et d'une amabilité exquise,
pensait-elle. Comme moi,
il a eu de grands malheurs. De son côté Ki-si, qui avait
totalement oublié
qu'un instant auparavant il était décidé à mourir, ne
songeait qu'à la jeune
fille. Il fut tiré de sa rêverie par l'arrivée du
gardien qui venait chaque
jour lui apporter sa nourriture. — C'est bien, dit le jeune roi : déposez
tout cela sur cette table, et retirez-vous.
Je me servirai moi-même aujourd'hui. Quand le gardien se fut retiré, Ki-si alla
trouver la jeune fille. — Voulez-vous partager mon dîner ? lui
demanda-t-il? — Mais oui, Monsieur. Ils se mirent à
table. — Comme je suis heureux de prendre mon
repas en votre société ! dit le
jeune prince. — Pourquoi cela, Monsieur? — Parce qu'il y a si longtemps que je vis
seul ici. — Oui, je comprend tout ce que cela doit
avoir de pénible pour vous. Leur conversation continua sur ce ton. Le
repas terminé ; ils descendirent
dans le jardin. Le jeune roi raconta tous ses malheurs à
Tcheng-Y, qui tres
émue, lui répondit ; — Ne vous chagrinez pas, mon ami. Prenez
patience. Plus tard, remonté sur
le trône, vous oublierez tous ces mauvais moments. — Non, dit le jeune homme, je ne serai
jamais roi. Ja-Jo-Mi me fera tuer. Tcheng-Y, lui donnant gentiment une petite
tape sur la joue, dit : — Cessez de vous désoler. Vous verrez que
l'avenir vous sourira. Ainsi s'écoulèrent plusieurs jours. Un
après midi, les deux jeunes gens
étaient allés s'asseoir comme de coutume sur un banc
dans le jardin. Le jeune
prince, riant dédaigneusement, désigna du regard à
Teheng-Y des tombes éparses
dans l'herbe ensoleillée. — Pourquoi riez-vous ainsi?
demanda-l-elle. — Pourquoi? répondit-il, doucement et
comme dans un songe. Je ris en
songeant à la vie qui n'est qu'une longue suite
d'amertumes et de regrets et
qui dure si peu ! Telles les mouches qui volent le temps
d'un rayon de soleil,
tels nous ne vivons qu'un instant ! Nous recherchons les
honneurs, la gloire,
que sais-je ! A quoi bon, puisque la mort qui nous
réunit tous en son grand
linceul pâle doit nous égaliser. L'amitié et l'amour
devraient seuls nous liez
les uns aux autres. Il se tut, et promena ses yeux tristes
tout à l'entour de lui. Le contraste
entre ses propres sentiments et l'aspect de la nature
était frappant. La
tristesse la plus profonde emplissait son coeur. Tout,
au contraire, dans la
nature semblait respirer le bonheur. Partout des fleurs
épanouies, des oiseaux
et des insectes s'ébattant amoureusement. Le jeune roi, sa tête effleurant presque
la coquille de nacre ambrée qui
était l'oreille de la jeune lillo poursuivit : — Vous voyez ce papillon, là-bas ! Il
butine une petite fleur blanche. Ne
dirait-on pas qu'il s'enivre do son parfum, et ne
croirait-on pas voir un
baiser effleurant deux lèvres roses ? Ah ! les animaux
sont bien plus heureux
que nous. Tcheng-Y était pensive. Elle songeait aux
malheurs qui avaient amené le
jeune prince à faire si peu de cas de la vie. Mais en
même temps, elle se
disait que pour voir ainsi partout l'amour dans la
nature, son âme ne devait
pas être insensible à ce doux sentiment. Peut-être
était-elle aimée de son
compagnon. Elle lui dit : Chassez votre chagrin. Vous
ne serez pas toujours
malheureux. Le printemps succède à l'hiver, les rires
aux larmes. Parfois la la
lune brille, la lune qui aime le soleil et qui dans la
nuit le suit. La pluie
s'annonce; déjà la terre est humide. Le soleil tombait à l'horizon dans une
brume d'or. Partout s'annonçait
l'heure du repos. Les oiseaux s'envolaient vers leurs
nids, frôlant les
branches de leur aile. Un grand silence s'étendait sur
la nature entière. Alors
le jeune prince, dit, en prenant la main étroite et fine
de Tcheng-Y : — Je vous aime. — Je vous aime, répondit la jeune lillc. Après ce doux aveu, ils restèrent encore
longtemps côte à côte, sans
prononcer une parole. Tous deux s'abîmaient clans une
profonde rêverie,
songeant à leur amour réciproque. Quand ils furent rentrés et qu'ils eurent
terminé leur repas, Ki-si dit à
la jeune fille. — D'ordinaire, ce sont les parents qui
marient leurs enfants. Orphelins
tous deux, comment ferons-nous pour nous unir ? — Procédons nous même à notre mariage,
répondit la jeune fille. — Eh bien ! nous allons préparer la
cérémonie. Ils dressèrent une grande
table qu'ils couvrirent d'étoffe rouge, deux cierges(1)
et deux vases remplis
de fleurs(2), une aiguille et du fil(3), un
brûle-parfums, ornaient cet autel
improvisé devant lequel les deux fiancés
s'agenouillèrent pour prier. 1. Vie commune. 2. Jeunesse. 3. Union. Ensuite, ils burent au même verre le vin
du sacrifice. La cérémonie était terminée. L'amour les
conviait aux nuptiales tendresses.
Les jours suivants virent les jeunes mariés goûtant un
bonheur ineffable. Mais une nuit le jeune prince eut un
songe. Il vit une bouteille, cassée à
sa partie supérieure ; un sang rouge s'en échappait.
Réveillé en sursaut, Ki-si
effrayé éveilla sa compagne : « Ja-Jo-Mi va me tuer,
dit-il dans un sanglot. Je
vais te quitter ma chère àme. Ecoute ce que j'ai rêvé ».
A son tour, Tcheng-Y se laisse aller au
désespoir. « Sauvons-nous,
dit-elle. Nous incendierons votre demeure et nous
gagnerons la mer. Ja-Jo-Mi
vous croira mort ». — Non, dit le jeune roi, c'est inutile ;
j'ai fait un rêve qui m'annonce un
malheur auquel je chercherais en vain à échapper. — Mais j'y songe, reprit Tcheng-Y. Tu as
tort de t'alarmer de ce rêve, il
n'a pas le sens que tu lui attribues. Quand on a cassé
le col d'une bouteille
on la porte religieusement par le fond, comme une
statue. C'est ainsi que tes
peuples t'apporteront le bonheur, et le sang qui
dégoutte de la bouteille
figure la pourpre qui te sera dévolue... Cette explication ne tranquillisa
qu'imparfaitement Ki-si. Néanmoins il dit
à Tcheng-Y. — Eh bien, partons ! que le feu consume ce
lieu où j'ai pleuré mon malheur.
Ayant allumé des brasiers aux divers coins
de la maison, ils s'élancèrent
dans le jardin. Ils se dirigèrent vers l'arbre dans
lequel Ki-si avait trouvé
sa future compagne. Par-là, ils descendirent dans le
souterrain. Bientôt ils
furent au bord de la mer. Comment aller plus loin ? Ils n'avaient
pas de bateau. Le jeune roi, plutôt
que de tomber entre les mains de Ja-Jo-Mi, résolut de
mourir sur le champ. Il
s'élance à la mer. Prompte comme l'éclair, Tcheng-Y
avait retenu son mari par
ses vêtements. Elle lui fit de tendres reproches. — Pourquoi veux-tu m'abandonner. Ne
dois-je pas te suivre partout, même au
fond de la mer. Si tu es décidé à mourir, mourons
ensemble. — Non, mon amie. Vois, tu es jeune ! Je
t'ai rencontrée par hasard ; il
n'est pas juste que ta destinée soit liée à la mienne.
La vie pour toi peut
être encore heureuse. Laisse-moi te quitter, laisse-moi
mourir seul. Mais Tcheng-Y s'attache désespérément à
son époux. Elle veut le suivre dans
le noir gouffre ; elle cherche même à l'y précéder. |